Les choix artistiques de Bartholdi montrent une orientation idéologique de l’œuvre.
Le choix tout d’abord de dépouiller l’œuvre de tout artifice alentour.
Un piédestal monumental avait été envisagé dans les premières esquisses du projet, avec une grande plaque commémorative en façade « aux défenseurs de Belfort 1870-1871 ». Finalement, comme on le voit dans notre modèle d’étude, le lion est installé sur une ‘simple’ plinthe. Le texte ci-dessus y sera ajouté sur le fronton de la plinthe.
https://musees.belfort.fr/citadelle/le-lion-de-bartholdi/la-sculpture
Aussi, s’il avait été envisagé d’intégrer le lion dans la falaise, qui aurait été creusée comme une grotte, et donc plus implémentée dans l’environnement naturel, finalement il a été décidé de l’installer devant la roche sans trop l’altérer, ce qui participe de sa majesté. Le lion existe alors indépendamment de la roche, la réalisation est simplifiée.
La représentation du lion lui-même, indépendamment de son décor, a également évolué pour tendre vers l’universalité. Initialement le lion était assis et non couché, il avait le dos tourné à l’ennemi (l’Allemagne) mais la tête tournée vers eux, gueule ouverte, comme pour montrer sa colère, sa rage, sa combativité.

Frédérique-Auguste Bartholdi, relief sur fond à l’imitation du roc de la Citadelle de Belfort, 1872, Musée d’Art et d’Histoire de Belfort
Bartholdi y a préféré un sujet plus calme, plus en retenu (gueule entre-ouverte mais non plus béante, lion couché « en sphinx » avec les deux pattes antérieures posées fermement au sol et coudes relevés), faisant totalement dos à l’ennemi, ajoutant des flèches sous la patte avant droite du lion pointées vers l’ennemi pour rappeler tout de même le combat et sa défaite. Cette représentation rend l’œuvre plus universelle car elle va au-delà du combat de Belfort contre la Prusse.
Cette représentation sera celle retenue pour le modèle réalisé en bronze et présenté Place Denfert-Rochereau à Paris, comme un écho à celui de Belfort, démontrant la possibilité de ‘délocaliser’ cette figure du lion glorieux. Il sera d’ailleurs immortalisé par Brassaï comme figure de la Libération.
