Le modèle d’étude, plutôt fidèle à la sculpture finale, permet d’analyser précisément la manière de sculpter de l’artiste, réaliste et empreinte d’une grande sobriété.
L’artiste a passé beaucoup de temps à l’étude des animaux sauvages, notamment les lions, et a réalisé de très nombreux dessins et modèles pour appréhender la forme, l’attitude, la posture du lion. Il se rend constamment au Jardin des Plantes de Paris et à la ménagerie ambulante pour y voir les lions, et étudie également de nombreuses œuvres de l’époque, notamment celles du sculpteur naturaliste Antoine-Louis Barye dont il possédait cinq sculptures. En comparant notre modèle au Lion qui marche (circa 1870) de Barye, on constate un épurement par rapport au courant naturaliste.

La musculature de notre modèle est beaucoup moins apparente, mais sans perdre la vision anatomique du lion. La crinière est simplifiée, les poils ne sont pas aussi détaillés, mais l’ensemble reste tout de même réaliste, et moins schématique que l’œuvre monumentale finale. Les pattes restent bien dessinées. Bartholdi va davantage à l’essentiel, il se sépare des ‘artifices’ du naturalisme que ses premiers modèles conservaient encore. Si l’expression est moins forte chez Bartholdi, le lion n’est pas statique et conserve une grande prestance, les traits et plis du visage sont bien dessinés, le lion fronce les sourcils et entre-ouvre la bouche, ce qui lui confère une attitude forte et affirme le rôle protecteur et défenseur du lion.